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Nell's Mind
3 juin 2008

De Amor

Peut être parce que je ne suis pas gagnante dans ce domaine en ce moment, je prends violemment conscience de ce que notre culture est abreuvée du thème de l'amour parfait.

Des classiques chansons et films, en passant par les publicités dégoulinantes de bons sentiments ( ton ex mari vient déposer ton fils un dimanche soir pluvieux ? offre lui un café, ça va repartir ), les livres et les émissions de télé, tout est tendu vers la reconnaissances et l'appréciation par autrui de votre personnalité ( comment plaire à l'autre ? quitte à en passer par le changement, thérapies et chirurgies à l'aide de notre naturel pas assez intéressant ).

On va m'opposer qu'on s'habille, se contrôle, se chouchoute aussi et surtout pour soi même de nos jours. C'est drôle mais je n'y crois pas. "L'enfer, c'est les autres", je fais dans le connu de tous  ;  j'explique souvent à mon élève avec qui j'étudie Sartre qu'elle serait sans doute moins apprêtée et plus libérée si elle n'était pas tous les jours soumise au regard ( pour son physique ) et au jugement ( pour son comportement ) des autres ( elle commence la philo l'année prochaine et elle a déjà du mal avec la notion d'autrui, c'est pas gagné ).

En gros, on en serait resté à Néanderthal si on ne s'inquiétait pas de savoir si telle peau de bête était plus jolie que celle de la voisine, et avoir remarqué que la tribu nous regardait bizarre parce qu'on massacrait tous les gars qui s'approchaient d'un peu trop près de notre grotte.

Mais revenons en à nos moutons. Bêêêê. Je trouve dingue que toute notre culture soit tournée vers une quête, celle de l'autre qui va nous aimer plus fort que la mort, quête qui semble non seulement ardue, mais en plus non garantie. ( Non, les enfants et la bague au doigt ne garantissent pas que Monsieur n'aille pas glisser sa zigounette dans un autre pilou pilou que celui de Madame © Desproges ).

J'ai réalisé assez tôt dans ma vie amoureuse qu'il était quand même assez rare de trouver un gens avec qui ça convient sur assez de plans pour se dire qu'on avait envie de faire un bout de chemin avec. Voilà pourquoi j'ai beaucoup expérimenté les premières années, au risque d'erreurs. L'expérience aidant, on devient plus sélectif et les prétendants se raréfient comme les années s'accumulent.

Puis c'est le coup de foudre qui te tombe dessus comme un coin de ciel bleu, et qui t'amène à convaincre les foules que c'est possible, et que ça va tous vous arriver à vous aussi, mes chéris. Mais ça se casse la gueule et tu retombes dans ton cynisme naturel, celui qui fait que les gens te regardent souvent bizarrement.

Mais dans la vraie vie, on en connaît combien des couples qui tiennent plus de six mois pour la seule bonne raison qu'ils sont amoureux, confiants et veulent faire plein de bébés ressemblant à l'autre ? Si vous me dites " plus de trois", vous êtes chanceux ( parce que les gens autour de vous sont plutôt heureux, et qu'ils vous construisent une saine image de couple ). Mais en rapport avec le nombre de couples que vous avez connus, connaissez et connaîtrez, ça fait peu.

Et pendant ce temps, dans la fiction, on nous bombarde de la nécessité, voire de l'obligation, d'y croire encore et toujours.

Les chansons nous disant "I will always love you", "You're just too good to be true" et "Même si tout disparaissait, je serai près de toi".

Les films nous montrent qu'on peut être de milieux différents, de physiques différents et même de langues différentes, mais que l'amour finit toujours par triompher, au delà du bien et du mal, bla bla.

Les séries nous racontent que peu importe que tu sois croque mort, tueur en série ou au fin fond de la campagne de n'importe quel pays paumé, tu as toi aussi droit à un chaleureux autre qui te tiendra la main, la tête, et le reste, bande de p'tits cochons.

Il est puissant, le lobby du bonheur pour tous.

Vous allez me prendre pour une vieille désabusée de célibataire que je ne suis pas tant que ça. Parce que j'ai déjà connu cet état de penser que je l'avais sous les yeux, Lui. Et puis finalement, non. Mais j'ai aussi appris que l'Histoire se répète, et que si ça a pu m'arriver une fois, ça me réarrivera encore ; bravo, la méthode Coué.

Donc j'y crois, à votre connerie de bonheur à deux, cui cui les p'tits oiseaux, même que j'ai déjà donné dedans. Mais je trouve qu'il est assez rare pour qu'on arrête de nous bourrer l'mou avec. D'un côté, ça entretient l'espoir, mais j'trouve que d'l'autre, ça entretient l'cancer ( hop, je pique le monopole desprogien à Proc' ).

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Commentaires
N
@ 502 : ah ouais, alors en plus une fois qu'on l'a trouvé, on doit se demander s'il nous aime pour les bonnes raisons !! bouhouhou...
5
Certes, certes, et d'autant plus certes que dans ces quelques rares couples qui nous semblent heureux et amoureux, beaucoup sont simplement amoureux de l'idée de l'amour, de leur image dans les yeux de l'autre, ou de tout autre chose encore.
N
@ Ad : c'est aussi parce que tu es en couple que tu te sens sûrement moins concerné... et plus mâture aussi !!!
T
Mon oncle que j'aime beaucoup aimait à chanter avec mon père, debout sur une table, un torchon entre les jambes "va laver ton cul malpropre", C'est une autre manière de voir les choses...<br /> <br /> En attendnat, je suis assez d'accord avec toi. Mais j'y réfléchis plus trop... Je me contente de tendre vers un bonheur théorique en suivant la ligne de moindre résistance... Je me dis toujours, tant qu'à finir malheureux et seul autant s'être fendu la gueule...<br /> <br /> Allez, moi je vais appeler un numéro en 0800, y'a une certaine Clara qui est très chaude et qui veut me parler absolument.. J'ai un sex-appeal fou! Les femmes font des pubs qui m'appellent...
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