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Nell's Mind
10 mai 2008

La natation, sport épique

Mais non pas hippique, malheureux !! T'as déjà imaginé des chevaux dans une piscine, non mais des fois...

Ou comment transformer une banale séance de piscine en bataille homérique.

Il fait chaud en ce samedi parisien, l'air est sec et tiède, pas un souffle de vent ne vient rafraichir ton cerveau embrumé. Tu combats d'avance ta non-motivation à faire quoique ce soit de plus que de bouger tes doigts de pieds au rythme de la radio, et tu te prépares à aller à la piscine.

Dans les faits, c'est moins brave que ça en a l'air. Tu dois enlever quelques poils mal placés, non pas parce que ce n'est pas aquadynamique, mais parce que c'est moche, et même si tu n'es pas au meilleur de tes formes, il faut se respecter un minimum ( quant à respecter celui qui verra tes gambettes quand il nagera derrière toi de trop près, c'est une autre histoire - tu vas déjà lui montrer ta cellulite, c'est déjà trop pour un étranger, alors ménageons-le ).

Tu checkes l'essentiel : maillot pour nager, pas pour faire ta pin-up. Tu résous le problème en mixant les deux : un bas sport ( parce que le bas pin-up te fait un string au bout d'une demie-longueur ) et un haut pin-up ( ce qui te permet d'attirer les regards malgré ton stockage de l'hiver ; les hommes ont certains blocages en ce qui concernent les zones qu'ils inspectent ) dont tu as déjà testé qu'il ne te lâchera pas ( parce que le topless un samedi familial, ça l'fait moyen ).

N'oublie pas ce qui va définitivement faire de toi une nageuse, et donc pas une dragueuse, ton bonnet. Au moins, ça met tout le monde d'accord, car tout le monde a une tête de bite avec ça, donc personne ne peut se foutre de ta gueule ( sauf les quelques chauves ou rasés qu'il suffit de dépasser en crawl pour les calmer ).

Tu arrives donc à la piscine avec toutes tes armes ; le cerbère de la caisse te demande quand même si tu les as ( des fois que tu serais venue en touriste genre "ah bon il fallait que j'en prende ? *" ) et tu lui fais ton plus beau décolleté pour lui répondre ( il s'en souviendra bien car il bavera en te disant au revoir, sans oublier de te rendre une pièce de 1 euro pour le vestiaire, alors qu'il est marqué sur sa vitre qu'il n'en donne plus ). Ce sont tes dernières minutes de pseudo-sexytude avant l'enfilage réglementaire de truc-sur-la-tête, ,alors profites-en un max.

Tu la joues pro, tu n'as même pas besoin d'un vestiaire car tu t'es préparé chez toi, hop le maillot, hop une robe légère et facile à enlever,  parce que les vestiaires c'est plein de gosses qui crient, d'ados qui gloussent et de pervers qui s'ignorent, et il faudra y passer à la fin, donc autant zapper une fois sur les deux. Tu enlèves discret ta robe et tu files direct sous la douche en deux temps trois mouvements.

Première épreuve, la douche. Collective. Avec les enfants, les ados et les pervers sus-nommés. Rapide, donc, la douche. Juste assez pour te mouiller les cheveux pour pouvoir enfiler ton collant-du-crâne un peu moins difficilement. Scritch, scratch, tu enfonces ta tête dans le caoutchouc et tu rentres dans l'arène, tes lunettes à la main. Tu es forte, tu en blanche façon Jacob & Delafon, tu vas affronter..."Un samedi après-midi à la piscine".

Tu es assaillie par les cris des enfants, les bombes des ados, les splash splash des crawleurs et les " oh mais tu vas où la comme ça ?!!?" des maître-nageurs. Enfin, des surveillants. Enfin, des gens qui ont le droit de garder leur t-shirt. Mais par dessus tout, tu es assaillie par une chose bien plus insidieuse, chafouine, cette foutue odeur de chlore, le truc qui ne va pas te lâcher de sitôt, même après une bonne douche.

Tu dois y aller maintenant, splasher une bonne fois pour faire de toi une guerrière, une des leurs. Tu t'assieds sur le rebord, après avoir attendu qu'il n'y ait personne en dessous de toi qui arrive, tu mets tes lunettes, tu tapes un petit coup dessus pour expulser l'air, et tu sautes. Tu es saisie par la fraîcheur de l'eau, ça y est, la bataille est lancée.

Tu n'as pas été présomptueuse et tu as commencé par la ligne moyenne, qui réunit les nageurs de nages dites "lentes" ( dos crawlé, brasse, brasse coulée ) mais qui sont assez rapides pour ne pas se marcher...se nager dessus. A ta gauche, tu as les nageurs rapides ( fous furieux de crawleurs, et même quelques papillons égarés ), et à ta droite... tu n'as rien, car le samedi, pas de troisième ligne, c'est bassin open to everybody. Ce qui veut dire que tu vas devoir affronter les gens qui veulent nager mais sont très lents. Et qui squattent la deuxième ligne, trop peureux de se prendre un coude de crawleur dans l'oeil ( et ils ont raison ).

Tu te retrouves donc avec une maman enceinte, que tu ne peux doubler de peur de lui donner un coup justement ( oh mon dieu, je ne survivrai pas à tant de culpabilité ) ; elle sait très bien que tout le monde la respecte à mort et ne se permet pas de la doubler, mais ne te laisse pas passer devant elle quand même. Tu te retrouves avec la mamie, version édulcorée de la femme enceinte, que tu te permets de doubler et qui te regarde comme si tu avais failli l'écraser avec un 38 tonnes ( j'ai peu de respect pour les vieux ).

Tu te retrouves avec le fou furieux qui n'a pas compris que les nages rapides, c'était à côté, et qui passe sont temps à foncer sans s'arrêter, en doublant dangereusement ( on ne peut décemment pas nager à trois côte-à-côte ). Sur 1 km, ça nous fait un minimum de trois coudes et deux coups de pieds l'un envers l'autre. La natation, un sport dangereux.

Passons au gore. Je parlais d'épilation pré-piscinesque tout à l'heure. Il semble que tout le monde n'ait pas ce genre de considérations à l'égard de ses congénères, car en dehors de nous, c'est avant tout les autres qu'on protège en se dépoilant, right ?

Ames sensibles à l'évocation de parties génitales poilues, passez votre chemin. Quand on nage les uns derrière les autres, en brasse particulièrement, et quand on porte des lunettes de plongée comme moi, la vue est particulièrement dégagée sur l'anatomie sous-ventrale de la personne. Jambes non épilées et bloblottantes ( sans aucune méchanceté, les miennes ne sont pas mieux, mais sans poils du moins ! ), fesses coincées dans un maillot non-adapté à la nage, laissant apparaître bien plus qu'il n'en faudrait en ce samedi après-midi familial, pilosité dépassant de ce morceau de lycra trop petit... et pas qu'un peu dépassant, parfois. Et là tu te dis que c'est injuste par rapport à l'obligation de porter le bonnet de bain.

Les épreuves seront donc multiples, tels les jeux olympiques du bien savoir se conduire en milieu piscinesque. Ne pas dépasser les gens au risque mutuel de se prendre un coup de pied, donc s'adapter derrière les gens lents ( au risque de créer un bouchon dans la ligne et de se faire passer pour celle qui le crée ). Esquiver les coups en cas de non-respect de cette consigne par un tiers. Eviter l'haleine enchlorée de celui qui finit sa ligne quand tu attend pour la commencer. En général, éviter toute proximité avec quelqu'un : le milieu mouillé, dénudé et moite créant la confusion ; de plus, l'odeur de chlore ne tue pas l'odeur de l'autre que tu n'as pas envie de sentir.

Après 1 km de drames évités, de dignité gardée, de perversité esquivée, tu te sens grande, forte, trempée, un peu plus mince ( même si c'est faux ), tu as vaincu et tu t'en sors sans trop d'ecchymoses. Nell, 1 - la piscine, 0.

C'est sans compter les dernières mini-épreuves qui te seront réservées au sortir du bassin, douche brûlante ou glacée, sol glissant, gosses dégoulinant, pépés guettant... mais plus rien ne peut t'atteindre, tu as triomphé de tant de choses aujourd'hui que tu n'es plus à ça près. Tu sors la tête haute du vestiaire, tu te prends pour une star sous le séchoir, tu remets ta frange en place ( qui te permets de cacher la marque de l'élastique du bonnet, ô joie ! ) et tu remontes l'escalier telle une reine du 4 x 400 nages libres...

...pour t'apercevoir que tu as oublié ta pièce de 1€ qui fermait le vestiaire.



* méga-hommage

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Commentaires
N
@ Proctor : ça part d'un bon sentiment, mais en effet, tu ferais mieux d'aller dormir dans ces cas-là... ;)
P
ah ouais tout de même... pourtant à 1h47 hier je trouvais ça dôle... faut que j'arrête de mettre des commentaires quand je rentre dans un état éthiliquement avancé....
N
@ Proc : pour le waterpolo, tu sors...
P
une belle performance une fois encore, mais sache que si le capilairement contrarié, le chauve, sauve sa dignité en milieu chloré, il conserve sa tête de bite à l'extérieur de l'aquarium....<br /> Joli réference à la cité de la peur, collection de la pléiade reliée cuir bie évidement!<br /> au fait la natation hippique, c'est pas le water polo?
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