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Nell's Mind
8 octobre 2008

"Qui touche à mon corps je le tue"

A chaque rentrée littéraire, je dresse une liste des livres que j'ai envie de lire. Le dernier Nothomb ( même si ça fait longtemps qu'elle ne me fait plus vibrer ), le dernier Gaudé ( alors que lui, sacrément ), deux ou trois ovnis - premiers / derniers romans,...A force de parcourir les chroniques littéraires, des titres restent.

J'avoue que celui-là ne me bottait pas. Pas attirant, pour le coup. Un titre qui fait un peu peur, une quatrième de couverture qui parle de gens anonymes. Mais la couverture beurre-frais Gallimard me fera toujours rêver.

D'après mes souvenirs, "Qui touche à mon corps je le tue" est le cinquième livre de Valentine Goby, prof de français au civil. Ce qui me rend d'autant plus admirative qu'elle écrive des choses si...profondes ; ça ne doit pas être simple d'avoir un boulot si prenant et de conserver un désir de création si fort ( cinq livres, cinq ).

Trois personnages se croisent sans se connaître dans la France occupée de 1943. Leurs destins sont liés les uns aux autres sans que, comme souvent, ils en aient conscience.

Lucie L. vient de subir un avortement. Elle ne destine pas son corps à l'enfantement, et son mari absent ne saura jamais tous ces enfants transformés en anges.

Marie G. a pratiqué cet avortement, comme elle en a pratiqué tant d'autres, anonymement et rapidement. Elle est en prison en attendant d'être guillotinée après avoir été jugée.

Henri D. est exécuteur, on l'appelle aux 4 coins de France pour manier le couperet. Il se prépare à l'exécution de Marie G.

Sur une journée environ, ils nous content leurs enfances, leurs rêves ; leurs parcours pour en arriver là, poussés par le hasard et le destin.

Mais surtout on comprend la nécessité de ces trois personnages d'oublier pour un moment leurs corps, pour évacuer la souffrance ; la mort est toute autour d'eux, et ils s'envolent un moment de leur existence en attendant qu'elle daigne s'en aller.

L'écriture est sèche, et rapide, souvent tranchante. Les thèmes sont assez bouleversants, et pourtant l'auteur réussit à insuffler des éclaircies, des rires d'enfants insouciants qui traversent les récits pour les réchauffer.

La copie est émouvante, forte, très pudique.

17/20. Prometteur.

 

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