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Nell's Mind
26 octobre 2008

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier

Je suis toujours assez étonnée lorsque quelqu'un se confie à moi de manière soudaine et intense, comme si j'étais un tableau blanc sur lesquels les gens se jettent pour écrire leur tristesse.

Il m'arrive assez souvent, de part mon boulot, de rencontrer des personnes âgées notamment, et l'on sent parfois tout le besoin qu'ils ont de se confier sur tout et rien, souvent parce qu'on est l'une des rares personnes qu'ils vont croiser dans leur journée.

J'ai été frappée ce soir, au cours d'un incident anodin à la laverie, de rencontrer une femme qui m'a annoncé de but en blanc 3mn après être rentrée dans ma vie que, lorsqu'on l'avait contactée pour qu'elle vienne me dépanner, elle était au lit en train de regarder la télévision, et se sentait triste car elle avait appris que son beau frère était mort aujourd'hui, d'une crise cardiaque, en Croatie. Puis la logorhée a continué et j'ai tout su de son mari, de son fils, de son très grand regret de la mort de ce beau frère... Une larme a coulé sur sa joue, et je ne savais pas trop quoi faire ; je la connaissais depuis 5 mn.

J'ai l'impression que les gens ont terriblement besoin de se confier, et souvent on ne peut tout dire, même, et surtout, aux gens les plus proches de nous, soit par peur du jugement, soit parce qu'ils ne nous écoutent plus depuis longtemps ( si vous chouinez souvent ). J'ai la chance d'être assez jeune et d'avoir des amis dont je sais que je peux leur raconter n'importe quoi ; mais qu'en sera-t-il quand j'aurais 50 ans ?

Je ne sais pas si ça a un lien, mais j'en verrais personnellement un avec deux phénomènes actuels.

Le plus fun, les free hugs, ou comment une bande de jeunes se sont dit qu'ils allaient proposer aux gens dans la rue de se prendre franchement dans les bras, comme pour dire qu'on est tous humains après tout, qu'on a besoin de chaleur et de tendresse dans ce monde pourri et destructeur. Je me suis toujours dit que c'était vraiment...hypocrite ! A-t-on envie de sauter dans les bras de tout le monde dans la rue ? Les "free huggers" ne sélectionnent-t-ils pas leurs "victimes" ? Hum la belle blonde la bas j'me la "huggerais" bien...Mademoiselle !!!!

Le principe est bon, mais moi même étant plutôt câline, je ne sais pas si je me laisserais faire 1. par n'importe qui ( oui, toi l'étudiant utopiste boutonneux, va chercher du Biactol plutôt que d'essayer de me coller ta face spongieuse dans le cou ) 2. en pleine rue ( oui, j'aurais plutôt honte de faire un câlin avec un inconnu en pleines Halles, désolée ) 3. sans raison, les deux premières ( la personne et l'intimité ) n'étant pas réunies pour m'en donner l'envie.

Le second phénomène, vous le connaissez tous puisque vous me lisez. Comment expliquez vous qu'on soit capable de raconter ses vices les plus cachés ( cf. les blogs de sexe, n'est ce pas 502 ), ses écrits les plus intimes ( les blogs de littérature ), ses opinions les plus tranchées... tout ça parce qu'on est cachés derrière son écran ?

Via les blogs, que cherche-t-on ? De la compassion, de la compréhension, des sourires, de la répartie, des échanges.. tout cela avec des gens qu'on a peu de chances, voire qu'on ne croisera jamais si on ne le veut pas. C'est quand même énigmatique de rechercher l'adhésion de ses pairs.. quand on n'est même pas sûrs qu'ils en soient.

Car dans l'amitié, on se choisit, on se respecte, on est légitimes par un passé, des expériences, des incidents communs qui créé le lien tant recherché. Mais via un blog, on ne sait qu'à peine qui est de l'autre côté ; même si on cherche le commentaire, on se réfère à d'autre bloggueurs, on est loin de savoir si on est finalement sur la même longueurs d'ondes.

Pas de grande remise en question, ne vous méprenez pas ; comme quoi un incident de machine à laver donne à réfléchir...

EDIT : je tiens à dévier le jet de fleurs et rendre à César ce qui blabla, le titre du post est celui d'un livre de l'auteur suédois Stig Dagerman, dont vous pourrez trouver l'intégrale du texte ici ( c'est pas gai gai je crois - non je ne l'ai pas lu ).

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Commentaires
N
@ Jef : j'en rougis jusqu'aux oreilles...<br /> je me rends compte par ailleurs que j'ai oublié de précisé que ce titre ne m'est pas venu tout seul : c'est celui d'un livre de Stig Dagerman, que je n'ai point lu, ... hop hop edit
J
depuis 3 ans et demi que je tiens un blog et que j'en lis de nombreux autres, rarement un texte m'y aura sembler sonner aussi juste.<br /> Précision : le titre "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier " m'a attiré parce que, naguère, j'avais vaguement joué de la basse dans un groupe pop-rock éphémère dont le nom était Quelques Farceurs Inconsolables. Mais depuis, il me semble que la consolation existe...
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